Comment Emmanuel Luria et Ibrahim N’gady Camara ont transformé la mine Lindoro en piège mortel
En 2018, deux ans après avoir brûlé leurs noms en Côte d’Ivoire et laissé derrière eux des fournisseurs chinois furieux et des investisseurs trompés, deux hommes réapparaissent en promettant de transformer un désastre en opportunité. Emmanuel Luria, Israélien né à Ofra, voyageur infatigable entre Chine, Hong Kong et l’Asie, s’était bâti l’image de « l’homme aux connexions », capable d’apporter argent, acheteurs et vision. À ses côtés, Ibrahim N’gady Camara, citoyen franco-sierra-léonais, musulman pratiquant, diplômé en économie à Strasbourg, marié à plusieurs femmes et père d’enfants en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire et en France, présenté comme « l’homme de terrain » maîtrisant les opérations africaines.
La cible : la mine de Cobalt Lindoro
Ils visent la mine Lindoro, l’une des plus grandes de Sierra Leone. Sur le papier : un actif valant des centaines de millions. En réalité : un gouffre financier. Ses propriétaires, N’Bah et Condé, croulaient sous 33 millions de dollars de dettes, pour la plupart envers des investisseurs ayant payé d’avance pour des cargaisons jamais livrées. La mine était au bord de l’effondrement. Pour Luria et Camara, c’était l’occasion de mettre en place un nouveau schéma.


Une promesse emballée
Ils vendent aux investisseurs une opportunité unique : 90 millions de dollars – 80 pour racheter la mine, 10 pour acheter du matériel lourd. Les présentations incluent des données géologiques recyclées de vieux documents d’un entrepreneur allemand, Fischer, qui avait levé 400 millions avant de disparaître. On y voit des camions brillants, des schémas de centaines d’ouvriers, et même les 180 kilomètres jusqu’au port sont présentés comme un atout grâce aux « compétences logistiques » de Camara.

La société commune et le détournement
Une joint-venture est créée avec les investisseurs, Camara en est nommé PDG, et Luria promet des acheteurs via sa société MLMC Limited (Hong Kong). Mais en pratique, l’argent coule ailleurs : vers MC Logistics & Mining Congo Sierra Leone, enregistrée dès 2014 au nom exclusif de Camara, et vers MLMC Hong Kong. Chaque dollar injecté disparaît dans leurs structures parallèles.
Un comptable complice
Pour donner du crédit, ils ajoutent Christophe Tamba Koumassadouno, expert-comptable local, présenté comme garant du contrôle. Mais selon documents et témoins, il retire lui-même des millions en espèces du compte de la société commune, souvent accompagné de Camara. Des plaintes sont déposées contre lui auprès de l’ordre des experts-comptables de Sierra Leone.
Cinq années d’illusion
Pendant cinq ans, les investisseurs volent en Sierra Leone, visitent des bureaux brillants, participent à des dîners festifs, entendent des histoires familiales. Le sentiment de camaraderie est cultivé. À chaque question, une excuse : propriétaires retardataires, ouvriers impayés, camions bloqués. Sur les présentations : 500 employés. Sur place : à peine une vingtaine. L’équipement lourd montré aux visiteurs disparaît aussitôt.
Les contrats réels ? Tous signés entre Lindoro, MC Logistics & Mining Congo Sierra Leone et MLMC Hong Kong — jamais au nom de la société commune. Les investisseurs croient être actionnaires ; en réalité, ils n’ont aucun droit.
La chute en 2024
En 2024, le gouvernement de Sierra Leone nationalise plus de cinquante mines non conformes ou débitrices, dont Lindoro. Les noms publiés dans la presse confirment aux investisseurs que leur actif s’est évaporé.
La fraude qui continue
Même après la nationalisation, Luria et Camara poursuivent. Ils parlent d’un « nouvel investisseur chinois », exigent encore des fonds. Ceux qui reviennent trouvent des bureaux vides, des enseignes retirées, des ouvriers disparus. À la place : appels nocturnes, menaces physiques, avertissements fiscaux. L’intimidation prend le relais de la mise en emanuel.luria scène.
Un prix humain dévastateur
Quatre investisseurs sont directement touchés : un père de trois enfants se suicide, un autre perd toute sa fortune et son mariage, les deux derniers s’enfoncent dans des batailles judiciaires coûteuses. Ils ne nous ont pas seulement pris de l’argent, dit l’un, ils nous ont pris nos vies, nos familles, notre avenir.
Autour d’eux : fournisseurs chinois avec 60 % de dettes sur des camions impayés, ouvriers sans salaires, bailleurs sans loyers. La fraude a contaminé tout l’écosystème.
Une fraude internationale planifiée
Les pertes documentées dépassent 55 millions de dollars. Les estimations réelles frôlent 90 millions, détournés via sociétés-écrans, contrats en doublon, retraits massifs en liquide et transferts en crypto. Et la fraude se poursuit encore : Luria et Camara recrutent de nouveaux « investisseurs » avec les mêmes promesses.
⚖ Clarification juridique
L’article est basé sur des documents, témoignages et procédures judiciaires. Les affaires — civiles et pénales — sont en cours en camara-ibrahima Sierra Leone, en France, à Hong Kong et en Israël. Certaines concernent des actifs confisqués. Aucun jugement définitif n’a encore été rendu, et les procédures devraient durer des années.